St Martin d’Hères, tu l’aimes ou tu la quittes, la houchma (la honte)

Depuis quelques temps, la mairie a peur d’évoquer le sujet de la mosquée lors des conseils municipaux (cf l’article du Dauphiné Libéré du 24 mai 2006), et cache le sujet dans le dossier de la ZAC centre. Il est vrai que l’aménagement urbain est au cœur des débats depuis les émeutes de novembre 2005 et les politiques actuelles menées par les différentes villes de France, qu’elles soient de droite ou de gauche, préfigurent la réussite ou les échecs de demain en terme de dynamiques sociales économiques, et éducatives.

dimanche 28 mai 2006

Il est temps de mettre un point à cette phrase trop longue, qui fait perdre le souffle à ceux qui voudraient la lire et décourage ceux qui voudraient la comprendre.

Les étapes pour comprendre

Point de départ : les musulmans Martinérois ont besoin d’une nouvelle mosquée.
Un groupe de travail composé de musulmans a œuvré à évaluer les besoins nécessaires à la communauté musulmane, un rapport a été déposé en mairie en janvier 2003.
La majorité a choisi après 3 ans de tergiversation un interlocuteur, la FCMM, en s’appuyant pour cela sur les instances officielles (CRCM, conseil des imams) qui lui ont permis de justifier un choix qu’elle n’avait pas su faire en dix ans.
Après maintes effets d’annonces, d’engagements non tenus, la municipalité propose à la communauté musulmane un terrain situé en face de l’actuelle mosquée, en vue d’une future mosquée de 500 m² (ce qui ne répond pas aux besoins qui sont estimés à 1000 m² dans le rapport).
La FCMM après concertation avec les musulmans refuse donc cette proposition et réaffirme la nécessité d’une surface de1000 m².
La FCMM donne sa réponse en mairie le 16 mai 2006.
Cette dernière rencontre ramène tout le monde au point de départ : les musulmans Martinérois ont besoin d’une nouvelle mosquée.

Depuis quelques temps, la mairie a peur d’évoquer le sujet de la mosquée lors des conseils municipaux (cf l’article du Dauphiné Libéré du 24 mai 2006), et cache le sujet dans le dossier de la ZAC centre. Il est vrai que l’aménagement urbain est au cœur des débats depuis les émeutes de novembre 2005 et les politiques actuelles menées par les différentes villes de France, qu’elles soient de droite ou de gauche, préfigurent la réussite ou les échecs de demain en terme de dynamiques sociales économiques, et éducatives.

Explications :

La ZAC (Zone d’Aménagement Concertée - avec l’état) comprend le terrain proposé pour la future mosquée mais ne permet pas de construire des lieux de culte, sauf si l’on prend en compte la loi Borloo (SRU) qui permet sur un terrain classé ZHa (ce qui est le cas ici) d’avoir une surface constructible de plus de 25000 m² sur une hauteur de 10 m.
On peut donc construire sur ce terrain une mosquée de 1000 m² ou faire plusieurs étages, etc…

Question : pourquoi donc vouloir changer les dispositions législatives relative à ce terrain alors que celui-ci permet la construction ?
Réponse : en changeant la législation (PLU) sur ce terrain, cela limitera la surface constructible à 500 m², et reculera les échéances de quelques années.
Ainsi, l’ordre du jour du conseil municipal du 23 mai 2006 stipulait :
« Modification de la ZAC Centre (partie Sud). Détermination des objectifs poursuivis et des modalités de la concertation préalable à la modification du plan d’aménagement de zone et du règlement de la ZAC Centre (partie Sud).
Rapporteur M. José ARIAS ».

On assiste ici à un calcul qui voudrait par la réorganisation de la ZAC centre voir un projet de mosquée minimisé à 500m², ce qui ne répond pas aux besoins des musulmans.
Nous assistons donc bien à une tactique politique, une stratégie électorale, contrairement aux propos de M ARIAS, qui rejoint finalement la thèse de Mme BARATHIEU (lire http://www.pasapas38.com/article.php?id=35) que nous avions dénoncé il y a quelques mois : les musulmans Martinérois ne méritent pas une mosquée moderne mais peuvent se contenter de quatre murs et un tapis.
Cette majorité qui fait tout pour être de gauche (défense des sans papiers, lutte contre le CPE, front contre Sarkozy…) gère ce dossier de manière tout à fait honteuse pour la république et les libertés de chacun.
En témoigne les propos du maire M PROBY cité dans le Dauphiné Libéré : René Proby « ne souhaite pas d’école coranique ». Il est alarmant pour un maire dit de gauche d’utiliser le vocabulaire de la dangerosité tant aimé par les De Villiers et consort, vocabulaire qui renvoie l’inconscient collectif français vers l’Afghanistan ou vers d’autres intégrismes supposés. L’entretien de la suspicion, de la peur, fait toujours gagner l’incompréhension qui génère les ruptures. Au nom de quoi le maire, ou quiconque, se permet-il de décider se qui se passe dans les mosquées ? Où est la laïcité tellement affirmée et ouvertement trahie ? Le mot catéchisme est il tout aussi gênant ? Pourtant les deux renvoie à l’éducation spirituelle. Dans l’un, on y met l’amour, dans l’autre on entretien la peur. Peut être est ce pour rassurer un certain électorat…
Nous considérons que les choix municipaux sont complètement déconnectés des enjeux de demain et fabriquent de futurs ghettos urbains, ethniques et religieux.
Nous ne voulons pas d’un Barbès Martinérois où tous les arabo-musulmans et tous les pauvres seraient concentrés et où l’on retrouverait au final tous les problèmes sociaux dus non à la religion ou l’ethnicité mais bien aux inégalités sociales (éducation, emploi ; logement, discriminations…) vécues par ces populations.

La paupérisation en marche.

Le prix des loyers continue de flamber, appauvrissant directement les familles locataires les moins favorisées. Le nombre d’assignations pour loyers impayés est très élevé. Les politiques sécuritaires prennent le pas sur les politiques sociales : on emprisonne les pauvres faute de pouvoir réduire la pauvreté.

Les politiques publiques mises en oeuvre sont inopérantes voire aggravantes.

Les dispositifs spécifiques sont inopérants : accords collectifs départementaux qui ne réservent que 3 à 6% des attributions de logements sociaux aux ménages démunis, FSL qui érigent de nombreux seuils et règles d’exclusion, plan départementaux pour le logement des plus démunis qui n’ont toujours pas mis en place des outils fiables d’évaluation des besoins ; numéro départemental unique de demande HLM qui ne prend pas en compte l’ancienneté de la demande, refus d’attribution qui sont rarement motivés... ( [1])

St Martin d’Hères des riches, St Martin d’Hères des pauvres…

Nous disons aujourd’hui que ce terrain n’est pas adéquat pour la construction d’une mosquée car il enferme les musulmans à une place assignée et ceci de manière entretenue. Les cadres moyens ne se retrouveront plus dans ce genre d’espace, la mixité sociale, déjà bien malade, ne sera plus qu’un rêve. Cet emplacement ne fait qu’entériner l’idée d’un système communautariste : les communautés rassemblées dans des lieux spécifiques. C’est le modèle anglo-saxon que nous refusons. Le vivre ensemble, la diversité, le pluralisme doivent être une préoccupation dans notre manière de concevoir la ville de demain.

C’est pourquoi PAS à PAS met en place une plateforme de réflexion autonome sur la question de la mosquée de St Martin d’Hères afin de clarifier trois points : la surface, le lieu et les échéances de ce projet.
Et ce afin de ramener une dignité dans la question de la mosquée et de l’islam en général dans l’espace républicain, et afin de palier à toutes les formes d’extrémismes qui s’immiscent dans cette question, qu’ils soient politiques ou religieux.
Nous disons non à toute forme d’instrumentalisation de la question de l’islam en France et nous luttons pour la dignité de toutes les communautés et de tous les citoyens.

La communauté musulmane de l’agglomération otage de la bande des 6.

Les 6 maires de l’agglomération sont en train de faire de savants calculs et de sombres concertations en vue d’échéances électorales cruciales. L’agglomération grenobloise ancrée à gauche sent bien le doute politique des habitants des quartiers populaires qui, situés autrefois traditionnellement à gauche, ont subies des trahisons et des instrumentalisations politiciennes qui re-questionnent leurs choix.
Il est très attirant pour les politiciens de viser cet électorat des quartiers en utilisant l’aspect affectif religieux et des intérêts complètement communautaires qui ne répondent en rien aux réels problèmes sociaux de ces quartiers. Cette relation validée implicitement et explicitement par les responsables religieux, quand ceux-ci manifestent contre le CPE en 2006 mais pas contre la loi sur le foulard en 2003, fausse le rapport citoyen/institution en injectant de facto un intermédiaire religieux dans un espace dans lequel il n’a pas lieu d’être et sur lequel il n’est pas légitime.
Cette prise en otage du débat et la mise sous tutelle de la conscience citoyenne émergente est le contraire de ce qu’exige une démocratie dynamique qui voudrait voir chaque citoyen force de proposition et de contribution.


Voir en ligne : St Martin d’Hères, tu l’aimes ou tu la quittes, la houchma (la honte)

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