Quel bilan tirer de la loi du 15 mars 2004 ? Celui de la réalité

Répondant à une question du député de la majorité Francis Saint-Léger*, le ministre de l’Éducation nationale, a déclaré que le bilan de l’application de la loi du 15 mars 2004, dite communément loi anti-foulard, était "globalement positif". Mieux, il considère que "cette loi et sa circulaire d’application ont été mises en oeuvre sans difficulté".

jeudi 18 janvier 2007

Tablons qu’il s’agisse plus là de l’ignorance de la réalité des exclusions et des renonciations des jeunes élèves musulmanes et sikhs qu’à une réelle preuve d’arrogance administrative.

Gageons, en effet, que Monsieur le Ministre n’a pas pu avoir vent des exactions commises sous son autorité (toute relative s’agissant du Ministère de l’Education Nationale) et dans son administration. Il n’a pas pu savoir qu’au-delà des nombres officiels, il y a eu des souffrances et des violences qu’on ne peut quantifier et qui jusqu’à ce jour perdurent. Il n’a pas pu voir que pendant l’établissement des comptes, plusieurs centaines de jeunes filles qui s’étaient vues contraintes de retirer une partie de leur expression vestimentaire souffraient, sans ambages, d’aller à l’école. Il n’a de même pas pu discerner, dans la masse de ses chiffres, les quelques dizaines d’élèves qui ont fait le choix de conserver leur couvre-chef, leur détresse et la façon honteuse dont on les a confinés à l’invisible pendant que se déroulait la soit disante « période de dialogue ».

Il n’a pas aperçu les pleurs, les humiliations, les brimades et les destins brisés. Il n’a pas distingué la partialité et les mépris du droit des conseils de discipline « clés en mains » et la négation de ce que la liberté a de plus fondamental, son expression.

Le bilan de Monsieur le Ministre est paradoxalement assez riche. Riche d’un enseignement tout au moins. A ne plus vouloir les voir, Monsieur le Ministre a fini par ne plus les compter. A moins que cela ne soit l’inverse.

Terminons par un point qui mériterait que l’on s’y arrête plus amplement. Il est affirmé l’édiction de mesures spécifiques aux élèves exclus afin de leur permettre de continuer, tant que faire se peut, à suivre un ersatz de scolarité. Dont acte. Seulement, une question taraude les familles concernées, pourrait-on savoir quelles sont ces mesures ?

Paris, 08 janvier 2007

* : Rép. min. n° 99109 : JOAN Q, 12 déc. 2006, p. 12993 JCP A 2006, act. 113


Voir en ligne : http://www.15mars.net/cir-finale.php

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