La crainte et l’espérance

La réforme des sociétés ne peut se produire qu’en fonction de la réforme des individus, de même que l’édifice ne peut s’élever qu’en s’appuyant sur des pierres saines. L’individu est pour la société ce que la pierre est pour l’édifice. Mais l’individu ne peut se réformer sans réformer son âme. L’âme est donc la base de la réforme et de la bonté humaine.

dimanche 26 septembre 2010

L’être doit œuvrer pour la purification de son âme, pour l’épuration de son cœur, pour la réforme de sa vie interne afin de réformer sa vie externe. Il n’y point de réussite sans la purification de l’âme « Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt. » (Coran 91 : 7-10), « Réussit, certes, celui qui se purifie et se rappelle le nom de son Seigneur, puis célèbre la salat » (Coran 87 : 14-15).

Nous avons évoqué auparavant qu’il existait des stations d’épuration, des étapes, des états spirituels indispensables pour l’itinérant qui désire emprunter le chemin de la réussite éternelle. Nous avons déjà cité quelques étapes dont le savoir, le repentir, la patience, la reconnaissance et la satisfaction.

Aujourd’hui, nous abordons une nouvelle étape dans notre cheminement spirituel, un autre fondement de la foi, à savoir, la crainte et l’espérance.

Dans son effort qu’il déploie pour gagner le Paradis et se mettre à l’abri de l’Enfer, l’être a besoin de deux ailes pour le porter tout au long de ce voyage, ce sont les ailes de la crainte et de l’espérance. La crainte du châtiment de Dieu et l’espérance dans la miséricorde de Dieu. Ces deux sentiments sont indispensables et indissociables. Le croyant doit associer ces deux sentiments de manière à ce que la crainte ne l’amène pas au désespoir car « Ce sont seulement les gens incroyants qui désespèrent de la miséricorde de Dieu » (Coran 12 : 87). De même que l’espérance ne doit pas atteindre un stade lui procurant le sentiment d’être à l’abri du châtiment de Dieu. Dieu dit : « Se sentaient-ils à l’abri des ripostes divines ? Seuls les perdants croient échapper à la rigueur du Seigneur » (Coran 7 :99).

Il y a plusieurs facteurs qui permettent l’espérance. Avoir à l’esprit la miséricorde de Dieu en est le facteur le plus important. En effet, La miséricorde de Dieu englobe toute chose. Dieu dit : « Mon châtiment, dit le Seigneur, tombera sur qui Je veux, et Ma miséricorde embrasse toute chose » (Coran 7 : 156). Ainsi, le châtiment de Dieu est restreint alors que sa miséricorde, elle, est générale.

Dieu parle dans le Coran des Anges porteurs du trône en disant : « Ceux (les Anges) qui portent le Trône et ceux qui l’entourent célèbrent les louanges de leur Seigneur, croient en Lui et implorent le pardon pour ceux qui croient : « Seigneur ! tu étends sur toute chose Ta miséricorde et Ta science. Pardonne donc à ceux qui se repentent et suivent Ton chemin et protège-les du châtiment de l’Enfer. » (Coran 40 : 7).

C’est ainsi que Dieu étend sa miséricorde et Sa science sur toute chose, rien n’échappe Sa science et rien ne saurait se restreindre à Sa miséricorde. La miséricorde englobe toute chose, elle englobe le débauché, elle englobe les incroyants, les idolâtres. En effet, ne vivent-ils pas tous sous l’ombre de la miséricorde de Dieu ? Qui leur octroie leur subsistance, qui leur assujetti ce que contiennent les cieux et la terre ? C’est certainement Dieu qui n’a privé ni débauché ni incroyant de Sa subsistance. Son soleil se lève sur tout le monde, et se biens descendent sur tout le monde. Dieu dit dans le hadith divin : « Certes, Ma miséricorde a devancé Ma colère » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim). Certes Dieu peut se mettre en colère, mais, sa miséricorde l’emporte sur Sa colère. Il est le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Il S’est présenté à Ses serviteurs sous le nom du Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Toute les sourates, à l’exception d’une, commencent par « Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, ce qui nous fais ressentir son immense miséricorde.

Combien de fois dans le Coran l’expression « Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » a-t-elle été évoquée ? Enormément de fois. Et combien de fois le nom « Contraignant (al-Jabbar) » a-t-il été évoqué ? Une seule fois à la fin de la sourate 59 « al-hachr ». Combien de fois le nom « le Dominateur suprême » (al-Qahhar) ? Deux fois uniquement !

Chaque jour, dans la salat, en récitant la « fatiha », au moins dix-sept fois si on se contente de s’acquitter des Prières obligatoires, nous lisons « le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux » (ar-rahman ar-rahim),. Lors de chaque Rak’a nous récitons deux fois « ar-rahman ar-rahim », une fois lors de la « basmala », la deuxième au troisième verset de la fatiha.

Le Coran ne cesse de nous rappeler que Dieu est le plus miséricordieux des miséricordieux. Il est le meilleur des miséricordieux. Dieu dit dans le Coran en citant les paroles du prophète Y’aqoub (Jacob) « Allah est le meilleur gardien, et Il est le plus miséricordieux des miséricordieux » (Coran 12 : 64). Le prophète Ayyoub (Job) invoqua Dieu en ces termes : « Le mal m’a touché. Mais Toi, tu es le plus miséricordieux des miséricordieux » (Coran 21 : 83). Le Prophète (BDSL) disait dans ses invocations : « Seigneur ! Accorde Ton pardon et ta miséricorde, Tu es le meilleur des miséricordieux »

L’immensité de la miséricorde de Dieu fait remplir le cœur d’espérance. Aussi, il est du devoir des prêcheurs de ne pas insister constamment sur la colère de Dieu et sur Son châtiment en délaissant le côté de la miséricorde au point de jeter le désespoir dans le cœur des gens.

Il s’agit de faire l’équilibre entre la crainte et l’espérance, bien que quiconque lit et médite le Coran constatera avec certitude que la miséricorde est plus présente et plus vaste que la colère et le châtiment. Dieu dit : « Informe Mes serviteurs que c’est Moi le Pardonneur, le Très Miséricordieux, et que Mon châtiment est certes le châtiment douloureux » (Coran 15 : 49- 50). Dans ce verset Dieu fait du pardon et de la miséricorde des attributs d’essence en utilisant les expressions « ghafour » et « rahim » ; « ghafour » dans le sens de très pardonneur, et « rahim » dans le sens de très miséricordieux. Quant au châtiment, Il n’en a pas fait un attribut. Il ne s’est point défini comme étant le châtieur ou le punisseur. Le châtiment fais donc partie de ses actions et ne fait partie ni de Ses noms ni de Ses attributs. Dieu dit : « Dieu n’a que faire de vous châtier si vous Lui êtes reconnaissants et si vous avez foi en Lui » (Coran 4 : 147). Dieu ne châtie pas par désir. Le but du châtiment est de nous dissuader de faire le mal.

Ainsi, « al-mou’adh-dhib » (le châtieur) ne fait pas partie des noms divins. Ibn al-Qayyaim va jusqu’à dire que « al-mountaqim » (le vengeur) ne fait pas non plus partie des noms divins. Il est de l’habitude des gens de compter ce nom parmi les quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu, mais en se référant à un hadith jugé faible « da’if ». Certes Dieu se décrit comme étant « ‘azizoun dhou-ntiqam » (Puissant et Détenteur du pouvoir de se venger) (Coran 3 : 4). Mais il y a une différence entre les deux expressions ; vengeur et détenteur du pouvoir de se venger. La première fait de la vengeance l’un des attributs divins, alors que la deuxième exprime simplement que Dieu est capable de punir ceux qui se rebellent contre Lui.

Après l’une des batailles, le Prophète (BDSL) vit une femme, parmi les captifs, affolée, cherchant son enfant. Lorsqu’elle le trouva elle le prit dans ses prends et le serra fortement contre elle. Le Prophète (BDSL) dit alors aux compagnons : « Pensez-vous que cette femme pourrait jeter son enfant dans le feu ? » « Non » répondirent-ils. Le Prophète (BDSL) dit : « Dieu est certainement plus miséricordieux à l’égard des gens que ne l’est cette femme avec son enfant » (rapporté par al-Boukhari et Mouslim).

Bien évidemment, le musulman ne peut prendre son envole pour le chemin de la purification spirituelle avec une seule aile ; l’aile de l’espérance, il a besoin pour cela de la deuxième aile, celle de la crainte ; la crainte de Dieu.

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