Autour de la fête du sacrifice

dimanche 16 décembre 2007

De toutes les prescriptions que Dieu a enjoint à Ses serviteurs, toutes concernent en premier lieu le cœur du destinataire… aucune ne peut échapper à l’adhésion du cœur de l’être qui s’y conforme. Mais la raison n’est pas en reste, elle vient confirmer ce que le cœur a pressenti. Et combien même ferait-elle défaut, le cœur rechignerait à désobéir à son Créateur. Car quand la raison perd son chemin, elle consulte le cœur qui lui rappelle que c’est Dieu qui l’a créée… que c’est Lui qui lui dit comment l’adorer… et que rien de tout ce qu’Il peut ordonner ne peut lui être nuisible, bien au contraire… car c’est Lui Le Miséricordieux…

En effet, tout le volet adoration en Islam se lit sous le triple rapport du serviteur à Dieu, du serviteur à ses semblables et du serviteur à lui-même. Aussi, dans tout ce qui nous rapproche de Dieu, il y a ce qui s’explique par la raison, et il y a ce qui ne peut s’appréhender que par le cœur.

Le sacrifice de l’aïd el kébir relève de ces deux perceptions.

C’est d’abord, un acte de foi. La victime animale, sacrifiée pendant un des trois jours qui suivent la station au mont ‘Arafat durant le Pèlerinage dans l’enceinte sacrée de la Mecque, n’est en définitive qu’une offrande à Dieu avec l’intention de se rapprocher de Lui. « Ne parviendront à Dieu ni leurs viandes ni leurs sangs. Ce qui Lui parvient, c’est votre « taqwa » (piété). » Sourate Al-Hajj verset 37. Voici donc le sens du sacrifice : at-taqwa, la crainte révérencielle, la conscience pieuse de Dieu, la piété. C’est la part du cœur dans cette adoration.

Mais c’est aussi le rappel de l’histoire d’Abraham qui parle à notre conscience. Histoire qui nous présente le modèle de celui qui, devant le décret divin, reste confiant et s’en satisfait, quelqu’incompréhensible que puisse paraître l’injonction divine «  Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois que Dieu et Son Messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir.  » Sourate al-Ahzab verset 36.

Tout commence par un rêve, le rêve d’un prophète, Abraham : «  Quand Ismaël parvint à l’âge actif, Abraham lui dit : mon enfant, je me suis vu en rêve en train de t’égorger. Examine quel parti prendre. » Le fils dis : « Père, faites ce dont vous avez reçu comme commandement, vous me trouverez, si Dieu veut, patient entre tous.  » Ayant ainsi tous deux manifestés leur soumission, il le jeta à terre sur la tempe. Alors nous l’appelâmes : « Abraham ! Tu as avéré la vision. C’est ainsi que nous récompensons les bel-agissants, ce n’était là qu’épreuve d’élucidation. Nous le rachetâmes par une prestigieuse bête à égorger. Nous lui laissâmes un bon renom dans les générations ultérieures. Salut sur Abraham au sein des univers. Ainsi récompensons nous les bel-agissants. » Sourate Assâfâte versets 102-110.

Un bon renom dans les générations ultérieures… Khalîl Allah… Abraham a mérité le titre de Khalîl Allah (ami intime de Dieu).

C’est Abou Bakr Assidîq, proche compagnon du Prophète de l’Islam, qui nous renseignera le mieux sur le statut de Khalîl en faisant le parallèle avec l’éloge du Prophète à son égard : « Si j’avais à prendre un ami intime (Khalîl), s’aurait été Abou Bakr. » Il est notoire que ce qui caractérisait le plus Abou Bakr était son adhésion totale et systématique à ce qu’annonçait le Prophète et le fait qu’il allait jusqu’au bout de ses convictions. Ne l’appelait-on pas Assidîq… Khalîl c’est aussi, dans le rapport des hommes aux hommes, le plus haut degré de compagnonnage. C’est dire le caractère inédit et exclusif de la relation. Comment Abraham a-t-il mérité d’être Khalîl Allah ?

Quelques versets plus haut que ceux précités nous informent qu’Abraham a demandé à Dieu une progéniture, que Dieu lui a accordé : «  Seigneur ! Accorde moi quelques justes. Nous lui fîmes donc l’annonce d’un garçon longanime.  » Sourate Assâfâte versets 100-101. Dieu a voulu éprouver son Khalîl dans ce qu’il avait de plus cher au monde : l’enfant qu’il avait passionnément souhaité et humblement demandé.

C’est une épreuve d’amour. L’amour est chevillé à l’épreuve, et celle d’Abraham est l’épreuve d’amour ultime : sacrifie l’amour de ton fils pour le Mien.

Il ne faut pas comprendre par là que l’Amour de Dieu ne peut cohabiter avec celui des semblables. Ils ne relèvent pas du même ordre puisque de natures différentes. L’amour est pluriel : l’amour filial envers nos parents n’a rien à voir avec le sentiment amoureux envers notre conjoint, ni le tendre amour pour nos enfants, encore moins avec l’amour d’un être en Dieu…

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on ne décroche la proximité de Dieu qu’à travers les épreuves sur la route menant à Lui et les sacrifices successifs qu’ils induisent tout au long d’une vie… et que l’Amour de Dieu a besoin de gages et de preuves. Celui d’Abraham était au prix de la perte de l’amour de son fils tant aimé… tout le monde n’est pas Khalîl Allah…

Bien qu’en réalité, cette scène ne vient que s’ajouter à une multitude d’épreuves qui ont accompagné Abraham depuis son plus jeune âge pour le préparer à accéder à ce stade.

C’est cela que notre raison doit méditer. Par la fête du sacrifice, nous commémorons le sacrifice d’Abraham… le sacrifice de son amour et de la bête par laquelle Dieu a racheté son fils en honneur à son acte de foi ultime. Notre raison doit se rappeler le sacrifice d’Abraham pour nourrir les sacrifices quotidiens que nous devons fournir. Notre cœur doit trouver en cela un modèle qui illuminera nos choix dans la vie…


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